mardi 5 février 2008

Jérôme Kerviel: "Je ne serai pas le bouc émissaire de la Société Générale"

NOMINATIONS À LA SOCGEN AU PÔLE ACTIONS/DÉRIVÉS ...

PARIS (AFP) - Le trader Jérôme Kerviel est sorti mardi de son silence en accordant un entretien exclusif à l'AFP dans lequel il refuse le rôle de "bouc émissaire" tout en reconnaissant sa "part de responsabilité" dans les pertes record de la Société Générale.

"J'ai été désigné (comme unique responsable, ndlr) par la Société Générale. J'assume ma part de responsabilité mais je ne serai pas le bouc émissaire de la Société Générale", explique à l'AFP le trader, lors d'une rencontre d'un quart d'heure au cabinet parisien de son avocate, Me Elisabeth Meyer.

Chemise blanche à carreaux et jeans, le trader le plus connu de la planète, yeux clairs et cheveux très courts, s'exprime d'une voix timide et douce, assis au côté de son avocate autour d'une table de réunion.

"Je n'ai jamais eu d'ambition personnelle dans cette affaire. L'objet, c'était de faire gagner de l'argent à la banque", se défend-il.

"On perd la notion des montants quand on est engagé dans ce genre de métier. C'est dématérialisé. On se laisse un peu emporter", insiste le jeune homme de 31 ans qui a engagé au nom de la Société Générale des positions dépassant les 50 milliards d'euros.

L'homme le plus traqué par les médias dit aujourd'hui vivre chez des amis en région parisienne, après avoir passé "un week-end à la campagne", selon son avocate. Il affirme n'avoir eu, depuis le déclenchement de l'affaire que "des contacts restreints avec sa famille", qu'il souhaite "protéger de la médiatisation".

Car il juge "le battage médiatique" autour de lui "vraiment oppressant" mais dit n'avoir "à aucun moment pensé à fuir". "Je ne suis pas suicidaire ni dépressif", lance-t-il, sourire aux lèvres, à l'attention de ceux qui l'ont présenté comme instable.

Le trader qui a été interrogé lundi pour la première fois par le juge Renaud van Ruymbeke sur le fond du dossier, avoue "ne pas avoir encore à l'heure actuelle pris la mesure" des répercussions internationales de l'affaire dont il suit la chronique "dans les journaux et sur internet".

"Il y aurait beaucoup de choses à dire. Il y a beaucoup de déformations dans la presse", dit-il, sans toutefois fournir d'exemples parce qu'il veut "réserver" ses réponses aux juges d'instruction.

Soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,82 milliards d'euros à la Société Générale, le jeune trader a été interrogé, en garde à vue, dans les locaux de la brigade financière de Paris.

"Tout s'est bien passé", assure-t-il. "J'ai dit exactement ce que j'avais à dire", lors de cet interrogatoire où il a notamment suggéré que la hiérarchie de la banque ne pouvait ignorer ses opérations, selon des extraits de sa déposition largement diffusés dans la presse.

Il a été mis en examen le 28 janvier pour "faux et usage de faux, abus de confiance et introduction dans un système de traitement automatisé de données informatiques".

Il est placé sous contrôle judiciaire, mais le parquet de Paris qui avait requis son placement en détention provisoire a fait appel, un recours qui sera examiné vendredi par la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris.

"Je serai présent vendredi et je fais entièrement confiance à mon avocat", dit-il.

Une fois l'entretien terminé, Jérôme Kerviel quitte seul et à pied le cabinet de son avocate, anonyme dans les rues de Paris.

Marco evaristti colore le sahara Tunisien

COPENHAGUE (AFP) - Un artiste danois, qui a déjà coloré en rouge un iceberg au Groenland et le Mont-Blanc, a annoncé s'être attaqué fin janvier à une dune et à des animaux du Sahara en Tunisie, qu'il a eux aussi recouverts de peinture écarlate.

D'origine chilienne, Marco Evaristti, 44 ans, a dit mardi à l'AFP avoir achevé avec le Sahara sa trilogie : "Ice Cube, 2004", "Mont Rouge, 2007" et "Arido Rosso, 2008", au nom de la défense de l'environnement.

Une exposition sur ses trois réalisations, d'un coût chacune d'environ 500.000 couronnes (67.000 euros), sera ouverte le 1er mars au Kunsthalle Krems, dans la banlieue de Vienne.

"Nous sommes allés à 250 kilomètres au sud de la ville de Douz pour réaliser notre projet avec les bédouins, qui nous ont pris au début pour des fous", a-t-il souligné.

L'artiste a non seulement peint en rouge une dune mais également un dromadaire, une chèvre et une brebis. "J'étais quelque peu nerveux à l'idée d'aller dans un pays musulman. Mais je n'ai trouvé qu'esprit d'ouverture, générosité et tolérance des bédouins, qui ont compris l'essence de notre projet", a-t-il expliqué.

Comme pour ses précédentes actions, il a utilisé de la peinture à base de fruits bio-dégradable.

Son prochain projet : "colorer un nuage en rose en mars à Vienne, puis les chutes du Niagara", à la frontière entre les Etats-Unis et le Canada.

"Je veux +peindre+ un tableau paysager éphémère à l'aide de trois hélicoptères qui déverseront de la peinture rose sur ces chutes", dit-il.

Il n'a pas l'intention, comme en France, de demander le feu vert des autorités nord-américaines qui pourraient s'opposer à son projet.

Evaristti, qui a le goût de la provocation, avait déclenché un tollé en 2000 avec une exposition controversée au musée danois de Trapholt (sud-ouest) où il avait mis des poissons rouges dans des mixeurs, laissant aux visiteurs le choix d'appuyer ou non sur le bouton pour mettre en marche l'appareil et les transformer en bouillie.

"Je voulais laisser les gens face à leur conscience, leur libre arbitre, leur instinct, de déclencher ou non le bouton de la mort", avait-il expliqué à l'époque. Traîné devant les tribunaux par les "Amis des bêtes" pour mauvais traitement des poissons, il a été finalement acquitté.